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L’émergence de l’intelligence artificielle a donné naissance à un tas d’idée reçu, je pense plutôt que c’est un outil qu’il faut éduquer. Mal utilisé, vous ferez comme Steven Schwartz, un avocat qui à mal utilisé ChatGPT pour préparer un dossier. Malgré cet incident, blâmer l’IA pour les erreurs serai inapproprié, soulignant que la vérification reste la responsabilité de l’avocat. L’accent est mis sur le potentiel transformationnel de l’IA, notamment les IA génératives, dans la simplification et l’efficacité des tâches juridiques, tout en notant une certaine réticence au sein de la profession.
L’introduction de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine juridique soulève des questions et des débats passionnants, comme le montre l’expérience de Steven Schwartz, un avocat spécialisé dans les dommages corporels chez Levidow, Levidow & Oberman à New York. Schwartz a tenté d’utiliser ChatGPT, une IA, pour préparer un dossier juridique, mais s’est retrouvé avec un mémoire rempli d’informations fictives. Cet incident met en lumière les défis et les opportunités associés à l’adoption de l’IA dans des professions traditionnellement conservatrices comme le droit.
La réaction à l’erreur de Schwartz pourrait être de rejeter l’IA comme un outil inadéquat pour le travail juridique. Cependant, cela manquerait de reconnaître la responsabilité de l’avocat de vérifier son travail, quelle que soit la méthode utilisée pour le générer. L’IA, tout comme l’imprimerie avant elle, est un outil qui, s’il est correctement utilisé, peut transformer la pratique du droit en rendant le travail plus efficace et accessible.
Une aide utilisée depuis longtemps
L’IA dans le domaine juridique n’est pas une nouveauté. Les avocats utilisent depuis longtemps des formes d’IA dites “extractives” pour extraire des informations spécifiques des textes. Cependant, les IA génératives, comme ChatGPT, offrent des capacités bien plus étendues, permettant des recherches juridiques et des examens de documents plus sophistiqués sans dépendre exclusivement des mots-clés. Ces outils peuvent, par exemple, interpréter le langage naturel et fournir des réponses complexes à des questions juridiques, changeant ainsi radicalement la manière dont les avocats interagissent avec l’information.
Malgré ces avantages, l’adoption de l’IA générative dans le droit reste controversée. Une enquête récente indique que, bien que la majorité des avocats reconnaissent le potentiel de l’IA pour le travail juridique, moins de la moitié soutiennent son utilisation. Cette réticence est en partie due à des problèmes d’exactitude et de fiabilité, comme le phénomène des “hallucinations” de l’IA, où des faits inexacts sont présentés avec assurance. De plus, il existe une crainte que l’utilisation de l’IA puisse compromettre la confidentialité des informations du client.
Une technologie encore à améliorer
Néanmoins, ces défis ne sont pas insurmontables. Avec des améliorations technologiques et une utilisation prudente par les humains, l’IA a le potentiel de surmonter les scepticismes. Les récentes demandes judiciaires pour que les avocats certifient leur usage responsable de l’IA montrent une voie vers une intégration plus sûre de ces technologies dans la pratique juridique.
L’impact de l’IA sur le secteur juridique ne se limite pas à la simplification des tâches. Un rapport de Goldman Sachs suggère que l’IA pourrait effectuer jusqu’à 44 % des tâches juridiques, potentiellement transformant le modèle économique des cabinets d’avocats. En particulier, l’IA pourrait réduire la dépendance des grands cabinets à un grand nombre de jeunes avocats pour le traitement de documents volumineux, permettant à des cabinets plus petits ou à des praticiens individuels de concurrencer sur un pied d’égalité pour les affaires complexes.
Certain vont essuyer les plâtres
Cette évolution vers l’utilisation de l’IA pourrait également amener les cabinets à revoir leurs pratiques de facturation, passant de la facturation horaire à des honoraires forfaitaires ou à des frais basés sur la technologie. En outre, l’efficacité accrue permise par l’IA pourrait réduire le nombre d’avocats nécessaires, tout en rendant les services juridiques plus accessibles aux petites et moyennes entreprises et aux individus.
Paradoxalement, l’automatisation apportée par l’IA pourrait également conduire à une augmentation du nombre d’avocats. En rendant les tâches juridiques moins onéreuses et en abaissant les barrières à l’entrée pour la pratique du droit, l’IA pourrait encourager une nouvelle génération d’avocats à ouvrir leur propre cabinet, modifiant ainsi le type de travail que les avocats effectuent plutôt que de les remplacer entièrement.
En conclusion, l’incident impliquant Steven Schwartz ne doit pas être vu comme un avertissement contre l’utilisation de l’IA dans le droit, mais plutôt comme une leçon sur l’importance de la vigilance et de la vérification. L’intégration de l’IA dans le secteur juridique présente des défis significatifs, mais aussi le potentiel de transformer profondément la pratique du droit, en la rendant plus efficace, accessible et équitable. Les avocats, les cabinets et les institutions juridiques doivent donc naviguer avec prudence dans cette nouvelle ère, en reconnaissant les risques tout en embrassant les opportunités offertes par l’IA.
Source de cet article : le nouvel économiste, numéro 2173 du 22 juin 2023